125 km Harricana

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Wow le grand Jour, super, enfin… Quel stress, quelle attente… Tant de doutes et de réponses vont suivre à la suite de cette aventure.

Depuis un an, que j’y pense, que je m’imagine dans ce sentier, que je me suis ressentie dans ce moment de dépassement.

J’ai fait mes devoirs, mon mental est prêt, mon corps un peu moins. Je dirais même qu’il n’a pas encore la capacité de faire cette distance en trail. Mais, je veux savoir. Jusqu’où mon mental peut me pousser ?

L’avant-départ

C’est étrange, jusqu’à une heure du départ de la course, je me sens sereine, détendue, super organiser avec toutes mes affaires bien prévues dans ma tête et dans mes sacs.

Je n’ai pas l’impression d’aller vers de l’inconnu, pourtant c’est la première fois que je vais me mesurer à cette distance.

Je suis super heureuse de retrouver mes amis coureurs. J’en reviens pas d’être là dans ce corridor de départ 125 km. Mon chemin de course à tellement été difficile cette année, que je ne peux m’empêcher de me féliciter d’avoir pris cette décision malgré les cut-off qui vont être difficiles à passer pour moi.

Départ en douceur

C’est fait, c’est parti, les 299 coureurs s’élancent tels des moutons, pour aller chercher la ligne d’arrivée dans quelques heures pour certains et beaucoup plus pour d’autres.

Prendre ce départ est déjà un succès pour chacun de nous. Ce sont des heures de travail qui se cachent derrière un coureur. Aujourd’hui, on vient chercher notre paie comme dit si bien Nathalie Bisson.

Je pars avec mon amie Julie Berthiaume. J’aimerais courir avec elle tout le long, mais je dois être vigilante avec mes bobos. Le rythme est parfait. J’ai mis ma montre en route pour la carte GPX, mais je ne veux pas la regarder. Pas de stress, je cours uniquement en écoutant mon corps.

Ça va bien, mais je décide de me placer la dernière du groupe pour ne pas nuire aux coureurs dans les montées. Mes genoux sont douloureux, je veux les économiser au maximum.

Lac à l’empêche

Eh là là, le sentier roulant est fini. On aborde le dénivelé. Exposé plein soleil, les choses sérieuses commencent.

Pendant mes entraînements, je suis venue en repérage. J’ai fait cette section de nuit. Je l’ai trouvé très difficile. Je veux bien gérer mon énergie pour améliorer mon temps minable que j’avais fait cette nuit-là. Je sais que je suis capable de passer dans le cut off, mais je ne dois pas perdre de temps.

Je dois dépasser, une coureuse, puis un coureur, un autre, un autre et encore un autre, comme ça jusqu’à 7 coureurs…
Oh, je suis fière de moi. Mes genoux suivent et je me retrouve à la 8ème place en partant de la fin. C’est cool… Il m’en faut peu pour être heureuse…

1er Ravito

J’ai aucune idée de l’heure qu’il est, je suis au 15ème km et à ma grande surprise on me laisse passer… Super, j’ai réussi la première étape que je n’avais pas réussie à mon entraînement.

Je viens de prendre un bonus, je suis très contente. Bon il ne faut pas chômer pour autant, ce n’est pas fini. Je viens juste de faire 15/125 rappelons le…

Mon amie Judith Chapados est sur le point de repartir quand moi j’arrive à ce ravito.

Les bénévoles sont super, ils savent qu’on a soif et besoin d’eau. Effectivement, j’en ai plus. J’ai dû l’économiser pour ne pas en manquer pendant mon ascension, il était temps que j’arrive.

La médicale ici présente, me demande si j’ai vu des coureurs en difficulté. Elle voulait se préparer. Je lui dis qu’il y avait 18 coureurs derrières moi et que 3 d’entre eux n’étaient pas bien, mais avançaient doucement.

En route pour les Morios

Cela faisait 2 km que j’étais repartie quand des signes de coups de chaleur sont apparus. Il faut que je refroidisse mon corps. Je ralentis et me rafraîchis avec l’eau que j’ai prise au ravito… Je dépasse encore beaucoup de coureurs. Je suis maintenant à la 25ème position en partant de la fin toujours…

Il y a 5 coureurs juste devant moi, on se passe et se dépasse mutuellement. Je navigue comme ça entre la 25 ème et 35 ème place.
Je suis bêtement les coureurs devant moi. C’est difficile, mais très agréable.

Je pense à mon amie Line Pelletier qui me disait, refroidis-toi dans la rivière quand tu en vois une, ça va t’aider. Au moment où je pense à ça, je vois une rivière… Je suis vraiment béni…

Wow, je peux repartir pour un bon bout…

Les Morios

Ah les Morios… Souvent entendu parler, mais jamais rencontrer encore. C’est la seule section du parcours que je ne connais pas. De l’inconnu pendant 8.5 km, je n’ai pas été déçue… Oh là là quelle horreur…

D’entrée de jeu, on rentre dans le sujet, on grimpe, on grimpe et on grimpe… Je me sens pas l’énergie pour avancer plus vite que les coureurs qui bouchonnent. On croise les coureurs qui redescendent et nous encouragent. Je croise Renée Hamel qui va super bien.

Un coureur qui redescend me dit, prends ton temps, ça va bien. Tu as du temps en masse. La vue en haut est super, ça vaut la peine de l’effort.

J’ose plus dépasser, je préfère profiter du bouchon pour me poser quelques instants le temps de les laisser me distancer. Un certain Maxime de Montréal décide de faire pareil. Il me demande pour qu’on reparte ensemble puis au bout de 5 minutes me dit de poursuivre sans lui car il doit ralentir sa cadence.

Arrivée au sommet, je suis sans mot… 360 degrés, dégagés avec le coucher de soleil, c’est de toute beauté. Harricana ne nous a pas menti, ça vaut la dépense, l’effort, le dépassement pour capter ces images pour l’éternité.

Heureuse

Que de plaisir dans cette réussite, comment vous décrire ce que je ressens… Je suis émue, sur un nuage, je n’ai pas l’impression de faire une course. Je vais bien, je suis les coureurs devant moi, j’en dépasse, d’autres me repassent… On vit notre moment, chacun dans notre bulle, quand nos regards se croisent, on se comprend même si on ne se parle pas. Tels un lieu sacré, un lieu qui attire le respect et le ressourcement.

Je ne perds pas de vue mes objectifs et ne tarde pas pour en faire le plus possible. Les coureurs se suivent à la queue leu leu. Il n’est pas évident de se dépasser si le coureur ne se met pas sur le côté.

Descente des Morios

La descente est critique, mes genoux sont douloureux à chaque flexion. C’est long, très long… Je me fais dépasser souvent, mes genoux font trop mal et je ne peux pas reprendre de Tylenol tout de suite. Je dois prendre la frontale. Humm, mince j’avais prévu d’être à la Marmotte pour mettre ma lumière.

Ce qui signifie que je dois me dépêcher pour ne pas être coupée. Je sens la pression des coureurs derrière moi, ils ont peur eux aussi. Je ne peux pas aller plus vite, c’est une torture pour mes genoux à chaque fois que je dois les plier en ajoutant mon poids dessus.

Une coureuse me dit, tu es encore dans les temps dépêche-toi, on est presque arrivée. Si je cours en descente avec ces douleurs, je peux dire adieu à l’île de la Réunion…

Il faut que je continue de les protéger, j’ai bien l’intention de les récupérer pour la Mascareignes alors la prudence est de mise, il ne faut pas que je les aggrave.

Marmotte

Je finis la descente des Morios en limace, mais je peux recommencer à courir quand je suis de nouveau sur le sentier roulant.

Je recommence à dépasser des coureurs. Ça va super bien. J’arrive à la marmotte. Les bénévoles sont agités.
On me demande :
Bénévole : as-tu un lift ?
Moi : je suis coupée ?
Bénévole avec beaucoup de douceur et de compassion : oui…

Ah dommage… J’aurais aimé faire plus… J’ai encore tellement d’énergie, je suis gonflée à bloc… Mais, je ne pouvais pas faire mieux pour descendre les morios…

Aucun regret, cela faisait partie du deal. J’ai eu beaucoup de plaisir. J’aurais voulu vivre le buzz de la nuit et tout le reste de la course…

J’adore cette adrénaline que je vais chercher pendant ces évènements. Je suis une mordue d’ultra, je suis une CDF…

Mille mercis à Marline Côté et son organisation, à tous mes amis CDF présents physiquement ou en pensée ainsi qu’à vous, cher lecteur qui me booster par vos messages d’encouragements.

L’année prochaine, je serai à vos côtés pour redonner au suivant… Longue vie Harricana !

Québec Méga Trail 2022
Macadam 2022

2 Commentaires. Leave new

  • Félicitations Béa pour ta persévérance 🥰 Tu et une femme exceptionnelle. Peut-être un jour me rendre juste pour voir la beauté de cette course en action. Toujours un plaisir de te lire. Bravo encore 👌

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  • Merci Judith pour tes bons mots. Ça fait toujours plaisir de recevoir ces messages.
    Un jour je franchirais cette ligne d’arrivée et avec le sourire, peut-être dans 2 ans. L’année prochaine j’y ferai du bénévolat

    Répondre

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