QMT 80km

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Ah ! Quand le jour de la course arrive… Qu’est-ce que c’est chouette, ces papillons, cette excitation, toute l’effervescence qui se crée à l’approche de départ…
Je suis certaine que vous êtes comme moi, vous avez hâte que ce départ sonne, heureux d’être entouré de coureurs aussi fous que vous, car QMT 80km, on s’entend que ce n’est pas rien…
Juste à la vue des sourires des coureurs à la ligne de départ. On peut lire le bonheur, le bien être sur tous les visages, wow c’est juste merveilleux.

Pourquoi cette course ?

Cette course n’était pas prévue à mon agenda normalement, mais il me manquait un événement dans le but de rédiger l’article du mois pour Courir Québec. Pour moi, il est important que je vive l’expérience en tant que coureuse pour mieux la faire revivre à mes lecteurs, comme s’ils y étaient.

Ma préparation physique me permettait d’insérer facilement cette distance malgré la difficulté. C’est ainsi que le 25 juillet, je me suis engagée à faire le 80 km et à redonner au suivant en faisant du bénévolat le dimanche de 6h à 14h.

J’aime bien cumuler les deux quand cela est possible.

Il est 5:00 du matin, il fait déjà 22 degrés. Nous ressemblons plus à des lucioles qu’à des coureurs avec nos frontales, mais c’est trop cool.

Mon départ

80 km officiel, est ma plus grande distance de trail. Je suis prête, mentalement, et physiquement. Le seul hic, c’est la chaleur qui me joue des tours. Depuis mon coup de chaleur à la Big Wolf Backyard, j’ai de la misère avec les températures…

Heureusement, la météo est la même pour tout le monde, on doit donc agir en fonction de cette dernière. Nous partons de Baie St-Paul et nous arrêterons au Mont Ste Anne au bout de nos 80 km, le tout en traversant la montagne.

Nous courons sur 1 km de bitume environ avant de rentrer dans le bois. Le jour se lève très rapidement, quelques pas dans le sentier et nous pouvons déjà couper nos lumières.

Le Ligori

J’ai découvert ce mont, il y a 2 semaines avec le club de l’Harricana, une très belle expédition sur deux jours que nous avions faits là.

Je savais que sur la QMT 80 km, je devais le faire en partant. J’ai donc pris soin de m’imprégner du parcours, histoire de bien me préparer mentalement.

Sommet Ligori
2 semaines avant, avec le club de l'harricana

La traversée de ce sentier me renvoyait dans ma fin de semaine des 5 sommets, avec les anecdotes ou discussions que j’avais pu avoir avec Line Pelletier, Themy que nous avions perdu… Marline Côté, j’ai remangé des framboises à la même place que tu m’as fait remarquer leurs présences… Les sections ou nous ralentissions pour que Christian Vallée nous rejoigne, etc…

Une fois le gros dénivelé passé, je texte Christian qui ne courrait pas pour qu’il m’apporte des glaçons au ravito du Massif. La chaleur est tellement forte que je suis déjà très proche du coup de chaleur.

Je suis partie avec 3 litres d’eau pour faire mes 15 premiers km et à 13km, j’en ai déjà plus. Je ralentis pour ne pas arriver déshydratée.

Ravito du Massif

Cool, la plus grosse difficulté de dénivelé est faite, ça va super bien. J’ai 75 minutes d’avance sur le cut-off.

Christian est là avec la glace que j’ai tant besoin, je rencontre des amis coureurs dont Gérald Audet avec qui j’ai couru sur la Big, Téo Sénécat est là en tant que bénévole, il court demain sur le 25km, il me donne la pêche. C’est le bonheur malgré l’humidité et la chaleur.

Christian fait le plein de mon sac d’hydratation pour me gagner du temps pendant que je me restaure.
J’apprends que mon amie Judith Chapados vient juste de repartir. Mais, pas de stress, je veux profiter de ce spot pour refroidir mon corps, j’ai de l’avance autant en profiter.

Ravito Cap Salut

Je repars clapi clopant avec un plaisir non dissimulé. Le sentier se court bien, c’est parfait.

Je suis super contente, c’est vraiment nickel, ma bête noire du Ligori est passée. Il me suffit de bien garder le rythme, profiter du bonheur d’être en nature, en santé et garder le positif dans les pensées.

Il n’y a pas d’air, il fait chaud, chaud, chaud… Je prends avec une grande gorgée d’eau, mais beurk, Christian m’a rempli mon sac d’hydratation d’électrolytes au lieu de l’eau naturelle avec mes glaçons, oh là, là… Je suis dans la m….

Oh non… Aille, aille, aille, je ne dois pas boire ça… Je fais de la rétention d’eau… Zut ! Bon, je vais prendre de petites gorgées obligatoires pour me pousser au prochain ravito et d’ici là avec la fonte des glaçons cela devrait diluer les électrolytes.

Je suis nostalgique et prends des fous rires quand je reconnais les sentiers où nous avons fait les folles cet hiver avec mes amies CDF, Line Pelletier, Judith Chapados et Nathalie Roy…

Je ne réussis pas à boire suffisamment pour atténuer ma soif.
Arrivée au ravitaillement je remets de la vraie eau pour compléter mon sac d’hydratation. Je ne veux pas jeter mes glaçons et j’ai les mains tellement dégueulasses que je ne veux pas vider en retenant ma glace.

Je retrouve de nouveau mes amis coureurs. J’ai maintenant 135 minutes d’avance sur le cut-off. À par mon problème d’eau, ça va très bien.

Ravito Cap Gribane

Je me permets de nouveau une pause de 15 minutes. Je placote avec les coureurs. J’adore ces échanges, je fais mon social… Quoi… Ça ne se fait pas dans une course ? Ben moi j’aime ça… Me taper la causette au ravito, y a toujours plein de gens sympas, les bénévoles et les coureurs sont supers, ça crée des liens, de la complicité pour la suite du parcours, on se retrouve toujours sur les ravitos suivants, j’aime cette interaction…

Je repars la joie au cœur pour mon 3ème ravitos. Dans ma tête, je ne cours pas 80 km, mais 6 ravitos…
Je rattrape Frédéric puis le dépasse.  Il voit là, une opportunité pour l’aider à garder un rythme. Il veut essayer de rester coller à mes baskets pour ne pas perdre la cadence.

Frédéric me suit comme ça pendant 5km. On discute de tout et de rien, sans que je sache à quoi il ressemble.  Sa voix, la frappe de son pas ainsi que sa façon de respirer n’ont plus un seul secret pour moi. À l’oreille, je sais si je le distance ou si c’est un autre coureur qui arrive.

Puis, je dois ralentir, je recommence à chauffer gros, je ne supporte plus le goût des électrolytes. Pourtant, j’ai bu si peu… Mes mains enflent à vue d’œil et je ne veux pas que cela arrive dans mes jambes… Et mince, ça fait ch… ces électrolytes…

Cet hiver 76 km sur 2 jours

Judith, Line et Nathalie à la découverte du sentier des caps

La cata… 38ème km

Je ne suis pas au mieux de ma forme, mais le prochain ravito n’est plus très loin. Ça devrait aller. Il me reste 4 km pour l’atteindre, je peux me permettre de ralentir encore même si j’ai déjà levé le pied depuis un quelques minutes.

L’air est vraiment étouffant … Je sue énormément même à l’arrêt… Mon estomac s’amuse à faire le yoyo… Je laisse passer beaucoup de coureurs, je ne sais pas combien ni qui, je suis trop concentrée à reprendre le contrôle sur mon état que je vois à peine ce qui se passe autour.

Johanne que j’avais dépassée un temps avant, me rejoint et me dit qu’elle arrête… Elle en a marre, elle n’a plus de plaisir, il fait trop chaud, elle a mal partout… Elle ne veut pas finir la course dans ces conditions.

Ohhhh, je ne comprends pas son raisonnement et je lui réponds que non, pas moi… Je vais récupérer et j’irai jusqu’au bout, ce sera le cut-off qui m’arrêtera, mais pas moi…

Oups, mon état s’aggrave à chaque pas… Johanne ne tarde pas à disparaître devant moi, je décide de faire un vidéo en direct pour me changer les idées. Je crois fermement me requinquer pour mieux repartir.

Mais non impossible, je me vide, c’est fini… Je tremble de tout mon être… J’ai chaud, je ruisselle de partout, je prends un violent mal de tête…

J’ai qu’une envie, m’étendre sur le sol pour récupérer pour repartir ensuite… Puis, je pense à mes enfants et la promesse que je leur ai fait « NE JAMAIS ME METTRE EN DANGER »

DNF

Sans y penser deux fois, j’appelle Christian et l’informe de la situation. Je lui explique l’inversion qu’il a faite avec l’eau et les électrolytes. Non pas pour le rendre coupable, mais pour qu’il connaisse la vérité afin de ne pas refaire une telle erreur.

Je me sens très faible et j’ai bien du mal à avancer… Entre deux respires, je fais un second live pour informer mes amis qui me soutiennent que c’est fini pour moi. Je n’ai pas réussi à combattre la chaleur.

Je mets 90 minutes pour parcourir mes 3 derniers kilomètres. Nous serons finalement 3 à arrêter ici, car Olivier un coureur du 125 km est lui aussi victime d’un coup de chaleur. Il est lui aussi en piteux état.

Même si dans la réalité des faits j’abandonne ma course, je ne ressens pas du tout ça comme tel.
Si j’avais poussé plus, j’allais vers la catastrophe, me retrouver à l’hôpital ne m’intéresse pas.

Je préférais récupérer le plus rapidement possible et faire mon bénévolat le lendemain comme convenu tout en profitant de l’événement.

On sait tous que parfois, ça ne marche pas comme on veut, alors il faut s’adapter et réessayer plus tard. Ce qui m’embête c’est que j’étais prête, ce 80km était à ma portée, mais il me fallait de l’eau, de la vraie pour le réaliser…

Merci aux bénévoles

À l’arrivée du ravito, j’ai été prise en charge par les bénévoles. Marylène Gravel m’a reconnu et s’est occupé de moi comme une maman. Je ne supportais pas le soleil, la chaleur, il me fallait de l’ombre et je voulais juste m’allonger, enlever mon mal de tête…
De la glace sur la tête, dans la nuque, wow, je me sentais revivre peu à peu.

Le personnel des premiers soins sillonnait le sentier, alors l’équipe du ravito a été au petit soin pour nous. Leur aide m’a permis une récupération plus rapide même si je ne me sentais pas encore en état de recourir. Un gros merci à vous tous. J’ai pu faire mon baptême en cote-à-cote. Eh calvaire, ce truc, c’est malade, je ne peux pas dire que j’ai apprécié mon expérience, mais je me suis rendue à destination.

Nous sommes allés au 4ème Ravito pour récupérer mon sac de rechange au 57ème km.
C’est ici que j’ai pu saluer mes amis Judith Chapados (80km), Mitch Lessard (160km), Julien Paradis (Pacer), Yan Bernier (160km), Lysanne Trépanier (160km), Éric Deshaie (160 km), Themy (160km) …
J’étais admirative et pleine de compassion, car je connaissais le travail et la difficulté que tous ces coureurs avaient déjà fournis.
Je comptais sur eux pour passer le lendemain au lunch, car je servirai le dernier repas de course en tant que bénévole.

Conclusion

Une course n’est jamais gagnée d’avance, ça, tout le monde le sait. Même si on se prépare au pire, jamais je n’aurais pu prévoir cette erreur.

Courir sous une forte chaleur est très difficile pour moi. Mais en contrôlant ma vitesse avec un ravitaillement au 15km maximum même, avec du dénivelé, je pouvais parfaitement réussir cette distance.

J’attribue cet échec à l’absence d’eau naturelle dans mon sac d’hydratation. On dit toujours que l’on fournit des résultats ou des excuses… Alors, pour moi cette fois-ci ce sera une excuse, et pourtant…

J’ai pris la bonne décision au bon moment et je m’engage à revenir l’année prochaine sur cette même distance, sans électrolytes dans mon sac d’hydratation.

Je réserve le même poste pour le bénévolat, car c’était super de pouvoir féliciter tous les coureurs à l’arrivée.

Judith Chapados

Cette course était pour mon amie Judith ce jour là. Elle rayonnait, c’est un plaisir de la voir ainsi.

“Judith, tu doutais de tes capacités, mais tu as réalisé exactement le temps que je visais. Bravo et félicitations ! Tu as toute mon admiration”.

Merci à tous pour votre soutien et votre énergie

Le défi des 5 sommets
Harricana 2021

2 Commentaires. Leave new

  • Jutish Chapados
    23 août 2021 6 h 22 min

    Très bel article encore une fois! J’ai pleuré en voyant ma photo et ce que tu avais écrit! J’aurais aimé terminer cette course avec toi, ce n’est que partie remise! On se revoit bientôt 😉

    Répondre
    • Oh Judith, c’est à mon tour d’avoir les larmes en lisant l’effet de surprise que cela t’a fait.
      Je suis très heureuse que tu es pue vivre cette course comme tu l’as fait.
      On se voit à l’Harricana.
      Je suis obligée de m’abstenir en ce moment mais je me reprends à la prochaine saison.

      Bisous, bisous

      Répondre

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