Bromont Ultra 55 km

Bromont Utra 55 km

2 Commentaires

L’année 2023 aura été pour moi une saison de réparation. Avant que l’automne s’installe pour faire place à l’hiver, j’avais besoin de connaître l’évolution de cette guérison.

Quoi de mieux à ce moment de la saison ? Faire le Bromont Utra 55 km, 25 km aurait été trop léger et 80 trop gros. Je ne voulais pas revenir en arrière comme cela s’est produit avec mon TP100 en juin, qui m’a ensuite scrapé ma saison. On apprend de ses erreurs…

Veille de course

Je suis loin d’être confortable avec mon choix de faire cette course. La météo m’inquiète, toute cette pluie torrentielle annoncée, les sentiers vont être glissants. Les sentiers de la Gaspésie me hantent. Je ne veux pas revivre la pareille et remettre mon genou en vrac avec toute l’instabilité que cela va provoquer.

Je décide de me tirer les cartes avec le Tarot d’Isabelle, afin de valider ma décision de le faire ou pas… Je ne fais jamais ça… Mais, là… Je veux un petit coup de pouce du hasard.

Mon tirage n’est pas fabuleux, mais me pousse à prendre le départ et me valide que je peux atteindre l’arrivée si je m’écoute.

Samedi 7 octobre

Depuis plusieurs semaines, le sommeil n’est pas au rendez-vous. Je me sens fatiguée, mais pour courir 12 heures ça devrait aller. Je ne fais pas les 160 km comme mes amis qui vont devoir courir jour et nuit sous cette pluie battante la nuit avec le froid et le brouillard. Quand on se compare, on se console, n’est-ce pas ?

Je les trouve courageux et admirables de se lancer sur cette course avec les précipitations annoncées. Je filme leur départ et j’ai un pincement au cœur… Les émotions m’envahissent en les voyant passer la ligne départ…

Pas le temps de niaiser, je dois retourner chez moi, finir de me préparer pour à mon tour prendre mon départ à 9h.

Sécurisé

Être au départ du 160  avec mes amis m’a aidé à me détendre et relativiser pour mon propre départ. J’ai ajusté les vêtements, car il ne faisait pas froid du tout et modifié mon sac que la famille de Christian m’apportera à chaque ravito.

Première expérience pour moi de courir avec des crew qui vont me suivre. Ma fille m’a bien déjà supportée. Oui, elle m’ a aussi apporté des glaces sur des marathons, mais ce n’est pas pareil. Ici, ma belle famille va traîner du stock de rechange, alimentation variée, au cas où l’estomac ne va pas, bâton, etc…

Départ 9h

Christian et moi, nous partons ensemble, mais nous allons courir comme on le sent. On ne doit pas se nuire pour vivre notre propre course.

La météo du départ est très douce et agréable, il faut en profiter. Avancer sans trop forcer pour garder de l’énergie jusqu’à la fin. Une course d’endurance, c’est une question de gestion de l’effort.

C’est mon premier Bromont Utra, et ça ne devrait pas être le dernier, j’adore cette place. J’ai la chance depuis bientôt un an de pouvoir m’y entraîner régulièrement. J’y fais des rencontres extraordinaires avec des gens passionnés comme moi. De la trail, ils en bouffent et en redemandent…

Petit malaise

Passer le Mont Soleil, je perds mon tapping dans la descente. Oups, zut… Je vais devoir faire sans… Je ressens un relâchement dans mon genou, rien de douloureux, mais le petit truc qui me dit soit prudente.

On attaque la prétentieuse, sans doute la partie que je redoute le plus de la course. On avance bien, tous à la queuleuleu. Tout va bien. Je suis contente, ça va bien mieux que dans mes entraînements. Merveilleux !

Je crapahute à 4 pattes pour assurer mes genoux et la grippe. Une voix connue venant de derrière m’encourage, mais je ne la reconnais pas. Subitement, je transpire abondement, la tête me tourne, je ne suis pas bien, juste le temps de m’asseoir et plus personne, je ne suis plus là…

Retour inexpliqué

Au bout d’une ou 2 minutes, je recommence à voir de la lumière, on me demande si j’ai besoin d’aide si tout va bien ?

Je ne suis pas au mieux de ma forme, je ne comprends pas ce qui se passe, mais je reprends place dans le sentier et recommence à grimper.

Un rythme très lent, mais j’avance. Je suis vide en dedans, je titube à chaque pas…

Je fais appelle à mon amie Line Pelletier de m’envoyer son énergie pour atteindre le point d’eau. J’ai très chaud, mais surtout je veux combler ce grand vide.

Je suis incapable de vous dire comment j’ai fait pour atteindre le Mont Brome, je me répétais avance un pas, encore un pas, ne t’arrête pas, avance, avance, toujours avance… Line et belle-maman à Line envoyez moi l’énergie… C’est fou, comment ces pensées me remplissaient le vide que j’avais…

Vivement le P5

Au sommet du Mont Brome, je me suis rafraîchie avec abondance. Oh que ça m’a fait du bien. Je remercie toutes les énergies que j’ai reçues à ce moment. J’ai pu me remettre à courir comme si de rien n’était. Je me sentais sauvée. Ouff, je vais pouvoir continuer, ça va mieux.

Je m’attaque maintenant au Mont Spuce. Eh, zut mon retour dans le bien-être aura été juste sur 5 km environ. Le nouveau dénivelé qui se pointe me remet à terre. De nouveau vide, faible et nullement maître de moi-même. Je n’ai jamais eu ça, je me sens de nouveau épuisée et pas capable d’avancer.
Je refais appel à mon amie Line et sa belle-maman, j’ai besoin de leur énergie. Je décide d’atteindre le P5 et d’arrêter là, car c’est dangereux mon affaire. Je ne veux pas tomber et finir à l’Hospital.

Des amis énergisants

Au P5 je retrouve la famille à Christian, je suis contente de les voir, mais je ne suis pas bien. Je leur explique que je vais arrêter, je suis vraiment très mal… Cyrille et Sarah viennent voir pour m’aider à être mieux. Ils se mettent au petit soin pour moi. Je bois, je mange, je me repose…

Wow, je me sens vraiment mieux. Le Buru (une boisson un peu pétillante aux fruits avec énergies) fait des merveilles, qu’est-ce que ça me fait du bien.

Je décide de reprendre ma course et d’aller jusqu’à ce que je pourrais si je rentre dans le cut off. Je repars avec seulement 15 minutes d’avance sur le cut off.

Je lis l’incompréhension sur les visages de la famille à Christian. Ils sont surpris de m’écouter vouloir repartir alors que j’étais au plus mal en arrivant.

Mais je suis mieux maintenant, je ne serais pas bien avec moi-même si j’arrêtais.

Mont des Pins

C’est pleine d’énergie et heureuse de reprendre ma course que je chemine vers le prochain ravito. Je suis super bien, ça court bien.

Je dépasse rattrape et dépasse beaucoup de coureurs. Les coureurs qui m’ont vu à terre sont surpris de me revoir à les dépasser. Un petit groupe de 5 coureurs me disent qu’ils vont me surveiller cette fois…

J’arrive au point d’eau ou je prends le temps de me rafraîchir la nuque, les jambes, je me lave un peu puis je repars de plus belle toujours avec une belle fougue. Je suis hyper contente.

Oh un nouveau dénivelé vient péter ma bulle et me remettre à zéro énergie. On dirait que mon corps refuse de faire un effort en montant. Immédiatement mon ventre se vide et une forte fatigue s’empare de moi, pas le choix de rappeler mes anges pour qu’ils me poussent. Aller Line et sa belle-maman sont revenues me pousser pour atteindre de nouveau le sommet.

Ravito chez Bob

De nouveau je fais les 10 km pour atteindre chez Bob de peine et de misère. Je me répète, avance doucement, mais sûrement. Il ne faut juste pas arrêter. Line et belle-maman sont là, je ne suis pas seule. Par chance, mon genou est tranquille, j’ai assez d’avoir ces vertiges et cette sensation d’estomac vide.

À quelques mètres du Ravito chez Bob, je vois Martine Marois. Elle court avec moi pour aller jusqu’à chez Bob. Son visage souriant déteint sur moi et soulage mon ventre vide. Elle était prête à venir m’aider si je n’avais pas eu la famille à Christian.

Merci Martine, tu es une de mes idoles de la course en trail. Une belle vision, belle philosophie, je suis fan de ce que tu fais, tu es très inspirante.

L’entourage

La famille à Christian a vu combien le Guru m’avait fait du bien, ils ont donc eu la gentillesse d’aller m’en acheter d’autres. Wow, je ne suis pas habituée à être aussi bien entourée sur mes courses… Ça fait une différence, je vous le confirme.

Je retrouve aussi mes amis énergisants Cyrille et Sarah. Je suis tellement fatiguée, je voudrais dormir.
Je ne suis pas fatiguée de ma course, mais du fait que je ne suis pas bien. Mes jambes et le souffle vont super bien. Il faut juste que mon estomac collabore.

Je prends 25 minutes de pause ici pour me remettre sur pied. Avec une heure d’avance sur le cut off je peux me le permettre, alors je me le permets.

Peau neuve

Je repars de chez Bob toute neuve, comme si je n’avais pas commencé ma course. Ça va super bien. Je cours, je ris, je suis heureuse. Je vis le pur bonheur dans le bois avec des paysages fabuleux, un régal. Je savoure ce moment.

Je rattrape Guy Arcan qui court avec Hugo. On court une dizaine de km ensemble. On jase et surtout on admire cette beauté naturelle que nous offre la nature.
Nous sommes sur des terres privées, nous n’aurons donc pas beaucoup de chance de revoir la colline Chandler de sitôt.

Le dénivelé est de retour, mon vide intérieur aussi… Je laisse aller Guy et Hugo. Je m’arrête à la station d’eau pour essayer de trouver un truc pour me pousser au P7. Pas le choix de rappeler mon amie Line et sa belle-maman.

Rencontre avec Éric

Passé le Mont King, ça descend bien, on sort un peu des sentiers pour prendre des chemins de terre.

Je rattrape Éric, qui va remplacer Line et sa belle-maman pour me tenir compagnie sur 5 km environ. Sa compagnie a été d’une grande aide, car c’est à partir de ce moment que je me suis mise à filer encore plus mal.

L’estomac est passé à l’étape du renvoie, oh que ça va mal de courir ainsi. Je me demande si c’est en raison de la température qui a bien changé. Il fait frais et la pluie tombe sans arrêt. Je suis toujours habillée de la même façon que le matin. Je n’ai pas pris la peine de sortir mon coupe-vent ni mes manchettes alors j’ai tout dans mon sac d’hydratation.

Le rafraîchissement est peut-être la cause du renvoi… Éric m’a attendu et accompagné jusqu’au P7 pour être sûr que tout se passe bien pour moi. Merci d’avoir pris ce temps Éric. Ta compagnie me rassurait au cas ou cela aurait été plus mal.

Ravito P7

Dernier ravito, je retrouve mon équipe de soutien. Les voir me donne ce petit boost qui fait du bien. J’ai froid. Je prends mon blouson que je trouve aussi réconfortant que la soupe qui m’est offerte par Cyrille.

Pas besoin de remplir mes gourdes, il me reste 7 km à faire, j’ai ce qu’il me faut. Je regarde la montée que je dois encore grimper. La regarder, m’épuise et me coupe les pattes, mais il n’est pas question d’abandonner si près du but.

Il est 18 :15 quand on reprend le départ qui va nous diriger au camp de base. Éric, Léa Desourdy et 2 autres coureurs partent avec moi. Je ne peux les suivre à l’allure ou ils avancent. Mon estomac est trop fragile, je dois ralentir pour ne pas le bousculer.

Remerciement et gratitude

Je dédis cette course à mon amie Line Pelletier. Sa belle-maman qui l’inspirait beaucoup et dont elle m’a souvent parlé est partie pour l’éternité quelques jours avant le Bromont Ultra.

Line n’a pas pu participer physiquement au Bromont Ultra. J’ai pensé qu’il était judicieux qu’elle et sa belle-maman qu’elle admirait m’envoient toutes leur énergie dans ce périple des sentiers boueux.

Je me sens si heureuse et reconnaissante que ma santé et mon énergie soient venues à moi en grande quantité afin de me dépasser pour réussir ces 55km au Bromont Ultra.

Merci à la famille de Christian, Évelyne, Loulou, Corine et Lana d’avoir fait tout ce chemin de la Suisse pour nous supporter.

Merci à Sarah et Cyrille, vous avez été au top !

Merci Line et sa belle-maman d’avoir occupé mes pensées.

Merci à toute la gang du club de trail Bromont, vous êtes extras.

Merci aux bénévoles et organisateurs. Le balisage était aussi bon que les ravitos.

À l’année prochaine !

Club de Trail Bromont

La nuit tombe, le brouillard, la pluie, le froid, tout le cocktail pour nous décourager et nous ralentir se sont légués contre nous (les coureurs de la fin du 55), mais rien n’arrête un Trail Runner.

Ces mots raisonnent dans ma tête avec les images des coureurs du club de Trail de Bromont, Audrey Larroquette, Michelle Bélanger, Sylvain Laramée, Guy Arcan, Nathalie Roy, Diane Dumas, Cyrille Conner, Sarah Gobeil, etc… Vous me donnez le sourire et du plaisir malgré que j’y vois rien et que j’avance à tâtons.

Incroyable la force que je reçois dans ce moment difficile, mais qui devient très paisible et facile avec vous dans mes pensées.

Finisher

À 1 km environ de l’arrivée, Catherine Campell me reconnaît, je la trouve si courageuse. Elle est sur le 160 km et va devoir affronter cette météo toute la nuit. Elle a déjà pris sa couverture de survie pour se protéger du froid. Je suis très heureuse de me savoir proche de l’arrivée pour me mettre au chaud.

Il est 20 heures quand je franchis la ligne d’arrivée. Je suis malade, mais fière de moi. Heureuse de ne pas avoir abandonné à la première petite misère.

Je sentais que je pouvais le faire, mes jambes et ma tête étaient à la hauteur, mais l’estomac m’a joué des tours.

On dirait que je ne peux pas coordonner le tout.

Remerciement et gratitude

Je dédis cette course à mon amie Line Pelletier. Sa belle-maman qui l’inspirait beaucoup et dont elle m’a souvent parlé est partie pour l’éternité quelques jours avant le Bromont Ultra.

Line n’a pas pu participer physiquement au Bromont Ultra. J’ai pensé qu’il était judicieux qu’elle et sa belle-maman qu’elle admirait m’envoient toutes leur énergie dans ce périple des sentiers boueux.

Je me sens si heureuse et reconnaissante que ma santé et mon énergie soient venues à moi en grande quantité afin de me dépasser pour réussir ces 55km au Bromont Ultra.

Merci à la famille de Christian, Évelyne, Loulou, Corine et Lana d’avoir fait tout ce chemin de la Suisse pour nous supporter.

Merci à Sarah et Cyrille, vous avez été au top !

Merci Line et sa belle-maman d’avoir occupé mes pensées.

Merci à toute la gang du club de trail Bromont, vous êtes extras.

Merci aux bénévoles et organisateurs. Le balisage était aussi bon que les ravitos.

À l’année prochaine !

Le Mont Albert – 2ème partie
La fondation Anthony sans limites

2 Commentaires. Leave new

  • Corine Dewarrat
    23 octobre 2023 13 h 46 min

    Apres la lecture de ton périple je prends encore plus conscience de ta force et de ta volonté et te remercie pour ces moments passes avec vous, les coureurs, les bénévoles, les coachs, les nombreux supporters malgré ce temps épouvantable !!!
    Rendez-vous à un prochain trail avec grand plaisir
    Bisous

    Répondre
    • Merci à toi pour ton soutien au Bromont Ultra et pour ces beaux moments passés ensembles.
      Il semblerait que l’année prochaine serait à la Martinique début décembre, tu veux être notre crew ?

      Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée.

Fill out this field
Fill out this field
Veuillez saisir une adresse courriel valide.

Menu
Show Buttons
Hide Buttons