90km Drummondville – Bromont

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2ème Chapitre

Sylvie Chamberland

Samedi 28 novembre 2020, il est 5h du matin, je suis prête depuis 30 minutes. Le goût de courir est là. Il fait noir, très noir, mais je suis prête et je veux y aller.

Ma fille à nos affaires pour le ravitaillement du 42ème km, banane, orange, tisane chaude, lait au chocolat, bonbon et barre tendre dans une petite sacoche vélo sur le guidon.

Sylvie Chamberland est ma première accompagnatrice de course. Elle devait être accompagnée de son conjoint Martin Tremblay, malheureusement, ce dernier était trop fatigué pour partir aussi tôt.

Nous parcourons 25 km toutes les 3. On ne va pas vite, on fait beaucoup de pauses. Je fais des demi-tours pour retourner chercher Sylvie qui a un peu de difficulté à suivre.

Mais, je n’ai pas de chrono à tenir. Ne pas perdre de vue que c’est une course de solidarité je veux juste tester mon endurance, il est hors de questions que je laisse Sylvie.
Elle me fait le plaisir de m’accompagner, la moindre des choses est que je l’attende, non ?

Kassandra Gourdon

Sylvie étant en sécurité avec son mari, Kassandra et moi-même reprenons la route. Elle est à vélo, moi à la course à pied. On est bien, ça va bien… Nous sommes vraiment heureuses de vivre cette aventure toutes les deux.

On prend plaisir à sillonner le sentier par ce beau matin. On a l’impression que le monde nous appartient. On est au milieu des bois, à filer vers l’infini…

Dès que l’on croise un marcheur ou un joggeur, Kassandra leur apprend fièrement que je vais courir 90 km aujourd’hui…
Souvent, les gens ne réalisent pas, il faut qu’elle leur précise que c’est de Drummondville jusqu’à Bromont… Et là, les visages changent d’expression, la stupéfaction et le découragement se lisent en me voyant aller… Puis les encouragements suivent…

On prend notre pause au bout de 4 heures. J’ai envie d’une orange et j’ai le goût de m’asseoir.
La pluie écourte notre moment de relaxation. Au bout de 15 minutes nous voilà de nouveau en route.

Diane Dumas

Au 42ème km mon amie Diane Dumas vient nous rejoindre. Nous avons 2h30 de retard sur l’horaire que j’avais prévu.

Kassandra commence à trouver le tout fatiguant, elle peine de plus en plus à pédaler à ma vitesse de course et multiplie ses mini arrêts.
Notre ravitaillement avec pause de 15 à 30 minutes est prévu au 52ème km.

Diane et moi continuons à courir en papotant, mais on distance de plus en plus Kassandra.
Je me sens incapable de continuer en sachant Kassandra en difficulté derrière.
Je veux retourner chercher ma fille.

Diane me conseille de poursuivre ma route et elle, elle va retourner et s’occuper de mettre ma belle Kassandra en sécurité.

Avec ces bons mots, Diane me rassure et me permet de continuer ma course en pleine confiance.

Ce fut mon ange gardien vivant sur ce 90km. Quand tu as la bonne personne à la bonne place au bon moment. Mille mercis Diane.

52ème kilomètre

Kassandra commence à trouver le tout fatiguant, elle peine de plus en plus à pédaler à ma vitesse de course et multiplie ses mini arrêts.
Le froid, dû à la petite pluie que nous avions eue un peu plus tôt, commençait à atteindre mes os.

J’avais hâte de prendre une bonne soupe chaude et de revoir ma fille au 1er ravitaillement tenu par Hélène, ma coéquipière de Trek au Sénégal.

Heureusement que Christian assistait les amis pour qu’ils se rendent aux emplacements prévus, sinon je n’aurais sans doute pas pu avoir le 1er ravitaillement.
Moi, j’étais incapable de me situer? Ou est-ce que j’étais par rapport au point que j’avais mis en place? Aucune idée…

Le stress m’a envahi rien qu’à l’idée de ne pas pouvoir manger et me réchauffer un peu quand Christian me fait savoir qu’il n’était pas certain que le ravitaillement m’attende à la bonne place…

Diane ma sauveuse, m’avait rattrapé avec le vélo de Kassandra. Elle est donc allée vérifier que tous étaient bien au rendez-vous comme convenu.

Quel soulagement d’arriver au 52ème km et de voir non seulement mon ravitaillement bien chaud, mais aussi, Nancie Courchesne, Judith Moore et Louis-Gilles puis ma fille arrivait à son tour.

Elle me confirmait qu’elle ne repartirait pas à vélo, mais allait m’attendre à chaque intersection ou la route croiserait le sentier pour faire la voiture-balai.

Christiane Lareau

Dans ma préparation, je n’avais pas prévu de coureurs surprises, mais quel plaisir d’apprendre que Judith et Louis-Gilles étaient ici non seulement pour m’encourager, mais aussi pour courir un bout avec moi. Trop cool les amis… Cela a juste embelli et allégé un peu plus ce parcours sur 18 km, ça m’a tellement réchaud le cœur…

Comme j’avais toujours mon 2h30 de retard, Nancie a eu le temps de faire la connaissance avec Christiane et elles sont venues à ma rencontre.
Je n’arrive même pas à décrire avec des mots ce sentiment que j’avais à l’intérieur… Je planais, tel les nuages dans le ciel…

En voyant Christiane arriver, j’ai senti toute l’énergie des coureurs de la Gaspésia 100 qui était là, incroyable cette énergie, la légèreté et la facilité que sa présence m’a apportée…
Je devais rester concentrée, car il me restait encore 30 km environ. Ce n’était pas le moment de courir plus vite avec toute cette excitation qui grandissait en moi.

Il fallait que je continue à courir en gardant des réserves.
De la voir s’intégrer aussi facilement à tous mes autres amis, c’était juste Wow et Re Wow…

Une harmonie, un bonheur contagieux régnait dans ce sentier, je me sentais dans mon paradis…

Tout ça pour arriver au 72ème km emplacement de mon 2ème et dernier ravitaillement tenu par Nicole Charrette ma 2ème coéquipière dans trek au Sénégal et Martin Bernier son conjoint.

Anne-Marie Moreau

Anne-Marie qui a dû tellement trouver le temps long à m’attendre…
Elle est venue à ma rencontre au 62ème km comme cela lui faisait trop de partir à la course de ce point, elle est retournée m’attendre au 72ème pour repartir après le ravitaillement.

C’est à ce dernier ravitaillement que les équipes de coureurs accompagnateurs ont changé, je perdais Louis-Gilles et Judith et je continuais ma route avec Christiane, Anne-Marie et Christian mon conjoint.

Ma fille était toujours présente pour faire la voiture-balai, raccompagnait les coureurs à leur voiture si nécessaire ou faisait suivre les voitures des coureurs selon les besoins. Mille mercis encore ma fidèle supportrice.

Anne-Marie n’a pas beaucoup couru cette année, mais comme je ne vais pas vite et que je fais beaucoup de marche rapide elle se sent parfaitement capable de finir avec moi.

Ce qui me fait chaud au cœur évidemment, je sais qu’elle est capable, mais quand on a pas beaucoup d’entraînement… Il faut rester vigilant et faire attention à ne pas faire n’importe quoi.

Christian Vallée

En préparant ce défi, j’avais demandé à Christian de faire avec moi la fin du parcours.

C’était important pour moi qu’il soit à mes côtés au cas où cela irait mal sur les 10 derniers km ou si tout allait bien…
Je voulais qu’il soit à mes côtés pour partager ma joie.

Il a travaillé fort lui aussi en accompagnant mes amis et en me soutenant pendant tout le processus de ce 90km.

Il est vrai qu’en arrivant sur la fin du parcours, je n’ai pas une grosse énergie de course, mais plutôt de la marche rapide.
Christiane, Anne-Marie et Christian vous n’avez peut-être pas eu l’impression de courir, mais votre présence a contribué grandement à ma réussite.

Mes supporters

Sylvie Chamberland, toi qui es venue animer ma course après avoir couru 25 km, merci, merci, merci. Tu nous as fait rire et donner de la magie à nous comme aux passants.

Laurence Charbonneau et Corentin Gourdon, vous voir à 2 km de la fin m’a donné la force pour passer ma dernière ligne pour atteindre le fil d’arrivée, merci, merci…

Ian Limoge, toi qui as fait le détour pour venir attendre et chercher Kassandra à mon arrivée, merci, merci…

Élodie Kergal et Gautier Dorval, ce bouquet accompagné de chocolat a été le geste qui aurait pu me faire craquer, mais non, j’ai résisté et j’ai préféré vous appelez pour que vous ressentiez ma joie, mon plaisir du devoir accompli…

Ma réussite grâce à vous

Merci à vous qui avez cru en moi, vos votes m’ont donné un pouvoir supplémentaire pour atteindre mon objectif.

Mes conseillers vestimentaires face à la météo, Karine Litalien, Yves Desrochers et Patrick Charlebois, grâce à vous j’ai ajusté ma tenue qui a été parfaite.

Le témoignage de mes amies qui ont ou qui traversent l’épreuve de la maladie du cancer du sein m’ont aidé à occuper mes pensées.

Mes amis coureurs m’ont permis de partager ce temps et ces moments de plaisir.

Mes 2 Trekkeuses vous avez su me donner chaleur et réconfort afin que je puisse repartir, merci, merci, merci…

Ma famille, qui m’a soutenu dans ce que l’on pourrait penser être de la folie.

Tout le long de mon parcours, je me suis mis une carapace pour ne pas faiblir.
Je voulais juste atteindre le château Bromont… Je me sentais portée par une mission…

Aussi incroyable que cela puisse paraître, je n’ai jamais, jamais eu la sensation d’avoir parcouru cette distance.
À l’arrivée comme les jours qui ont suivi, je n’ai pas eu de courbatures ni même une douleur quelque part, comme si je n’avais jamais rien fait…

90km Drummondville – Bromont
Les sentiers de l’Estrie 1ère étape

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