Harricana 65 km, wow, quelle aventure! Je me suis lancée dans ce défi auquel je n’étais pas préparée, mais je voulais pousser mes limites. Voir ce que j’étais capable.
Si je dis “pas préparée” c’est parce que je n’ai pas cumulé dans mes entraînements dénivelé et course d’endurance.
Mes seules expériences de trail sont la Gaspésia 100 ou j’ai eu la piqûre et Portneuf qui m’a confirmé que j’aimais ça.
Dans les 2 cas aucun chrono, juste faire les sommets en courant quand ça me tentait avec d’autres coureurs, on faisait les touristes.
Les 7 premiers km
Mon désir était de boucler la distance sans me faire couper, tout en étant capable de faire mes affaires après la course.
Je devais donc juste ne pas me forcer, mais avancer dans le plaisir de la course.
Les 7 premiers km sont passés très vite, le paysage était beau. Pas besoin de faire le plein d’eau au ravito, il ne faisait pas chaud.
Aucune photo de ma part sur le parcours pour bien rester dans ma course, rester concentrer car je sais que sur les terrains de trail le risque de blessures est constant même sans la fatigue.
En jouant les touristes, j’ai tendance ensuite à vouloir rattraper le temps perdu et à me brûler, donc prendre plus de risque inutile.
Jusqu’au 22ème km
L’Harricana a une belle organisation, les bénévoles sont très accueillants et avenants. Le balisage est parfait, aucune hésitation sur le chemin à prendre. Ce qui me libère un gros poids vu mon manque d’orientation.
Il est loin le 22ème km, beaucoup de passages sont dangereux pour l’atteindre. C’est tellement boueux et rocailleux sans parler des racines.
Je reste attentive ou je mets les pieds, malgré tout, la chute n’est jamais très loin, mais je me rattrape bien et je réussis à l’esquiver à chaque fois.
Entre les roches mouillées, les rondins de bois qui se chevauchent et s’enfoncent dans la boue quand on passe…. Pouahh difficile de courir, les morceaux roulants sont rares.
Les consignes des organisateurs prennent tout leur sens quand on voit le terrain, les passages étroits et encombrés.
Le 1er vrai ravito
Wow quel bonheur d’arriver là, de la bouffe, des boissons chaudes ou froides à volonté avec de la variété. Des chaises attendent les coureurs et sont les bienvenues.
J’en squatte une pendant 10 minutes en prenant soin de bien me restaurer pour pouvoir repartir les batteries rechargées.
Je suis contente ça va bien, les échanges avec les coureurs sont réconfortants et vraiment encourageant pour la suite.
On sait que la prochaine section devrait être facile selon les explications des organisateurs.
Attention, je peux vous dire que nous n’avons pas la même notion de facile…
Je prends un sourire amusé en pensant à mes sorties de Trek de ces dernières semaines ou les filles me disaient que c’était difficile… Je me demande comment elles qualifieraient ce terrain…
Je sais, je ne devrais pas comparer, mais on se distrait comme on peut. Sur 65 km j’ai du temps pour penser…
Jusqu’au 40ème km
Les coureurs de trail ont une attitude différente des coureurs sur route. La conversation, l’entraide est instinctive. Faire un brin de causette permet de faire passer les km sans s’en apercevoir.
C’est comme ça que j’ai fait la connaissance de Pascale de Montréal, Martine de Lévis, Karine de Lévis et Mickael de Montréal. Chacun de ces coureurs a partagé un bon bout de chemin avec moi à des moments différents ce qui a fait que je n’ai pas vu le temps passé.
Les animaux aussi ont fait la distraction sur le parcours, une perdrix, un porc épique sur une branche que j’ai eu peur d’accrocher et pour finir un tête-à-tête avec un renard.
Il ne bougeait pas face à moi et la coureuse que je venais de laisser passer. On aurait pu le toucher si on avait voulu, même pas effrayé. J’ai même douté de moi à savoir si ce n’était pas un chien finalement.
Les coureurs arrivant derrière nous se demandaient pourquoi on avançait plus. Puis en voyant la bête, ils ont compris. Une voix plus forte l’a fait fuir pour notre plus grand plaisir.
Au 2ème vrai ravito
Pour arriver au 2ème ravito, j’ai dépassé pas mal de coureurs blessés ou fatigués voir épuisés. J’étais un peu surprise, car moi je me sentais bien. Je n’avais pas du tout l’impression d’avoir fait 40 km…
J’étais contente d’arriver au ravito, pour retrouver les coureurs qui m’avaient dépassé, mais je ne puisais pas dans mes réserves.
On échangeait sur la suite du parcours et comment on se sentait. Ça faisait une réunion de famille ou tout le monde était content de se retrouver.
En étudiant le parcours j’avais vu qu’une fois passé le 40ème, selon comment je me sentais et l’heure qu’il serait, c’était dans la poche si je passais avant 15h. Et il était 13h30 quand je repartais de ce point. Wow, je pouvais donc faire tout le reste à la marche et je rentrais en 12h.
Jusqu’au prochain ravito
Themy qui faisait le 125 km m’a donné un truc super pour ne pas perdre le mental sur les longues distances “pense juste au prochain ravito“.
Ce petit truc m’a été d’une grande utilité. C’est le meilleur conseil que j’ai pu recevoir. Chaque arrivée au ravito, était une victoire, une étoile qui brillait un peu plus dans mes yeux. J’étais folle de joie de me sentir aussi bien km après km malgré le dénivelé et surtout toujours être capable de courir…
Quand il y avait du réseau, j’informais mon chéri pour lui donner l’évolution et le rassurer. Les accompagnateurs n’étaient pas autorisé sur le parcours. Covid oblige…
Plus je voyais les km s’égrainer, plus ma fierté grandissait, plus je prenais confiance et plus je voyais ma réussite au fil d’arrivée.
Petit incident
Il me reste 15 km, la côte de la montagne noire a toute une réputation et j’ai vite pu me rendre compte de la réalité de cette montée.
Wow la vache! Ça monte, ça monte, ça monte et on a pas fini.
Tout en montant à mon rythme normal, mais d’un bon pas, je me sens bizarre et pas bien. Mes oreilles bourdonnent, je prends des maux de cœur avec des étourdissements.
Oh, oh, non pas si près du but. Pas de panique, on se calme et on réfléchit intelligemment… Je pense que les efforts doivent commencer à peser sur mon corps, alors, je ralentis le pas. J’ajoute des arrêts dès que les étourdissements et maux de cœur reprennent.
En arrivant au dernier ravito, j’explique cet incident au médical qui me dit que si près du but, il ne va pas m’arrêter, mais que je dois continuer d’être vigilante. Si les signes reviennent, il faut que je ralentisse ou que je m’arrête comme je viens de faire.
Les 7 derniers km
Le médical me précise que toute la fin du parcours est en descente. Wow, cool les descentes sont mes forces…
Par contre, qui dit descente, dit côte, conclusion les côtes ne sont pas finies.
J’ai l’impression que les gens qui habitent ici ont tellement l’habitude des côtes qu’ils ne se rendent même plus compte de quand il y en a…
En tous les cas, à chaque petit coup de cul, mes oreilles bourdonnent de nouveau et mon cœur lève donc impossible d’aller trop vite, je veux finir donc je ne vais pas tout gâcher dans les derniers km.
Je me rattrape dans les descentes, je laisse aller. Je réussis à gagner quelques minutes que je perds pendant les côtes. J’ai pu doubler une dizaine de coureurs dans une belle descente. Ah, ça fait du bien!
Une expérience exceptionnelle
Je recommande à chacun de vivre les choses qui nous tiennent à cœur. Il est vrai qu’on peut se tromper et ne pas réussir mais c’est pire de ne pas l’essayer.
Suite à son expérience sur le 125km à l’Harricana, Karine Litalien a écrit ce matin une phrase de Barak Obama qu’on ne devrait jamais oublier.
« Vous ne pouvez pas laisser les échecs vous définir. Vous devez laisser vos échecs vous apprendre. »
J’ai complété mon 65 km qui devait faire 62 et que finalement en a fait 63.4 km pour moi en 11h05 de temps écoulé, dont 10h30 de temps de course.
Je suis super contente et fière de moi. Je vais essayer de mieux me préparer pour mon prochain ultra qui sera Bromont sur le 55km et 2000 mètres de dénivelé.
2 Commentaires. Leave new
Bravo pour ta course Béatrice!
Merci David ! As-tu fait le 125 toi ?