Entrainement spécial est vraiment le cas pour tous les coureurs actuellement.

On court sans but, sans ami, on garde nos distances pour éviter de croiser les gens ou de leur parler de trop près.
On devient des sauvages pour sauver des vies et se sortir rapidement de cette situation surréaliste.
Le confinement nous oblige à devenir anti sociale, tout mon contraire, Grrrr…

Chacun y va de son imagination pour apporter des sourires, du réconfort, du soutien, de l’entraide ce qui permet de s’accrocher et ne pas virer fou.

Ma béa du moment

Je joins l’utile à l’agréable en apprenant à courir au rythme de mon amie diabétique Sylvie Chamberland.
Ceci dans le but de l’accompagner sur un marathon quand le pays sera revenu à la normale et que les courses enregistrées seront de nouveau autorisées.

Cela fait 3 semaines que nous effectuons notre longue ensemble soit 21km minimum.

L’objectif de ces sorties

Mon rôle est de courir au rythme de Sylvie pour pouvoir l’assister en cas de besoin.

Lui porter ses affaires, car toute charge apporte une difficulté supplémentaire pour effectuer la distance donc puise dans ses énergies.

L’idée est de me préparer à réagir face aux situations qui peuvent se produire, car avec cette maladie tout peut arriver sans prévenir.

Je suis consciente des risques que le diabète peut apporter pendant l’effort s’il est mal contrôlé et si on ne prend pas les précautions adéquates à temps.

C’est donc en toute connaissance de cause que j’ai accepté la demande de Sylvie de partager un marathon avec elle.

Nos 2 premières sorties

La première longue sortie que nous avons faite ensemble n’a pas été très différente de ce que l’on connait.

Nous étions une quinzaine de coureurs. À part 2 longues pauses aux toilettes sur le parcours, je dirais que le temps et la course ont été communs aux habitudes d’un groupe.

Pour la 2ème sortie, nous étions toutes les deux pour respecter les règles de ne plus courir en groupe.

Nous avons fait un long arrêt et quelques pauses pour récupérer, mais le résultat final était très bien compte tenu du taux de sucre qui doit être contrôlé fréquemment.

L’avant-départ

On choisit de faire notre longue le samedi 28 mars au lieu du dimanche en raison de la météo. Autant profiter du soleil samedi plutôt que de la pluie annoncée pour dimanche.

Le samedi ayant bousculé notre routine, on arrive en retard. Sylvie me fait part qu’elle a été en manque de glycémie toute la nuit et qu’en plus elle a saigné du nez avant de partir… Disons qu’elle n’est pas au sommet de sa forme.

Je lui demande si elle veut faire 21km malgré tout car la santé à la priorité sur tout. Elle m’affirme qu’elle veut faire son entrainement et que l’on fera peut-être plus de pauses.

Nancie Courchesne qui nous accompagne pour les dix premiers kilomètres est prête quelques soient les circonstances, si on doit arrêter, elle fera la pause elle aussi.

Disons qu’elle n’est pas contrariante. Je dirais même, elle aime ça les pauses, ahahah!!!

Toute une expérience

Nous prenons le départ de notre course et Sylvie m’explique qu’elle ne peut pas se permettre de ne pas faire sa sortie même si elle ne va pas bien. Sinon, elle ne participerait jamais à une course enregistrée.

Je l’écoutais et je ne pouvais dire le contraire, elle avait raison. Ça nous est tous arrivé de prendre un départ même si on était loin d’être en forme…

Ayant constaté que Sylvie avait besoin d’une pause toilette avant le 10ème km pour les 2 précédentes sorties, je prévois une pause au 3ème km et une autre à 7ème.

On s’arrête environ 5 minutes au 3ème km puis on reprend la route.

Mes 2 partenaires de course font un joli team, elle court pareil, alors je me laisse aller en partant dans mes pensées en tendant l’oreille pour veiller à ce que tout aille bien derrière.

Tout le monde qui connait Sylvie sait que c’est un moulin à parole. Cette sortie n’échappe pas à la règle et Sylvie nous raconte ses histoires.

Ce qui fait que le temps passe très vite et même si je suis plus en avant je peux facilement écouter si quelque chose ne va pas.

Inquiétude

À deux reprises je reviens vers mes deux coureuses, car j’écoute le souffle court et saccadé de Sylvie.
Nous sommes à 7km, on marche pour récupérer jusqu’à ce qu’elle retrouve un souffle confortable. Il faut dire que nous avions un bon rythme compte tenu de son état.

Au 9ème km elle contrôle son taux de sucre de nouveau, mais ça va mal, elle se sent faible et nous la voyons faible.

Nous sommes près du métro, elle décide d’aller chercher du carburant (sucre) qui va la remettre sur pied rapidement, car elle a déjà épuisé son stock prévu pour la sortie.

Nancie et moi complétons le 10km le temps que Sylvie va chercher ses drogues de survie (des sucres).
Sylvie revient découragée, car il y avait tellement la file qu’au bout de 10 minutes elle a abandonné l’attente.

On ne peut pas poursuivre comme ça. 1km nous sépare de chez Sylvie. Elle ne doit plus courir, il faut qu’elle recharge ses batteries.

Nous prenons la décision d’aller chez elle pour qu’elle récupère. Je pense même qu’il serait préférable pour elle d’arrêter ici afin de reprendre la suite la semaine prochaine…

Une très longue pause

Nancie et moi attendons dans la rue le retour de Sylvie, nous lui avons dit de récupérer avant de revenir.

15 à 20 minutes après, elle revient, assez faible. Mais, elle ne veut pas arrêter sa sortie. Elle veut atteindre son 21km si je suis toujours prêtre à attendre la fin de sa récupération.

Nancie n’était plus loin de chez elle. Sa distance était complétée.

Quant à moi, je me suis engagée à l’accompagner dans son prochain marathon…

Donc il faut que je me prépare à toutes sortes de trucs imprévus. Si j’ai à choisir, je préfère les vivre en préparation.

Nous avons laissé Nancie après 2 km de marche environ puis nous avons repris la course au trot en faisant attention de marcher dans les côtes pour ne pas refaire chuter la glycémie.

Une belle fin de course

Sylvie faisait des tests sur son taux de sucre plus rapproché afin de ne pas retomber trop bas. On voulait finir en toute tranquillité

Son visage avait repris les couleurs d’un coureur en santé et son souffle était de nouveau normal.

Nous avons croisé notre amie Nancy Harvey qui faisait sa longue toute seule comme une grande.

Il nous restait 5 km, je sentais et voyais Sylvie parfaitement capable de compléter son 21km maintenant, bien mieux qu’avant le départ.

Cette fille m’impressionne

C’est incroyable comment Sylvie a pu rebondir et refaire surface pendant cet entrainement.

Pour avoir côtoyé cette maladie avec ma mère qui était comme Sylvie avec des piqûres matin et soir, régime sévère et contrôle du taux de sucre à outrance…

26 ans ont passé entre le diabète de ma mère et celui de Sylvie, il y a eu beaucoup d’amélioration, mais la maladie reste la même. Il faut en vouloir pour se battre et le combattre tous les jours pour garder sa santé en main.

Sylvie, tu as toute mon admiration, je t’aiderai et te soutiendrai pour que tu vives ton marathon dans les meilleures conditions du moment. Tu peux compter sur moi, je serai là à tes côtés, comme je l’ai été pour ma mère.

Tu es un très bel exemple que la maladie ne doit pas être un frein, quand on veut, on peut. Tu livres un vrai combat quotidien.

Ma conclusion

Il y a plusieurs types de diabète, mais celui où tu dois te piquer matin et soir avec le contrôle de ton sucre constamment c’est le pire que je connaisse.

La différence entre ma mère et toi Sylvie face à cette maladie, c’est que ma mère subissait la maladie alors que toi, tu l’apprivoises. Tu restes maître de ta vie et ça fait toute une différence.

Bravo, Sylvie, tu n’as rien à envier aux autres. Tu es 100 fois meilleure que quiconque de faire tout ce que tu fais.

On va le vivre ce marathon de diabétique, vive la course… Wow, je vais t’aider à garder et gérer ton énergie.

Je ne vais pas remplacer Martin Tremblay, ton fidèle partenaire, mais je vais lui donner un temps de repos sur au moins un marathon.