Wow ! Le retour de La Gaspésia 100 … Je l’attendais avec impatience… Ce jour « J » est arrivé. L’occasion pour les coureurs privilégiés de 2020, de se retrouver et revivre une nouvelle aventure sur ces lieux magiques.
Toute l’année, cet évènement vécu en 2020 m’a tenu en haleine. Il était inconcevable que je ne sois pas au rendez-vous en 2021. Cette course résonne dans ma tête, La Gaspésia 100.
Accompagnées de mes amis, Nathalie Landry, Line Pelletier, Nathalie Roy, Judith Chapados, Cindy Miller et Christian Vallée, nous nous sommes retrouvées au départ du G50. Cherchez-nous pas, on en a pour la journée…
Une distance de 54 km dans un décor très diversifié nous attend avec un dénivelé de 1400 mètres. Vous savez entre la théorie et la pratique, on peut parfois avoir des surprises. Eh bien La Gaspésia 100 (2021) nous a fait ce cadeau. La distance et le dénivelé ont été revus à la hausse pour le même prix.
Sans oublier notre amie Christiane Plamandon qui trottera sur le 25km.
Le départ
Qu’est-ce que je suis contente de me retrouver à cet endroit précisément. Rien à changer comme dans ma mémoire… Même Jean-François Tapp n’a pas bougé. Toujours à la même place avec son humour, blagueur, rieur, c’est le petit comique de la place des Pêcheurs.
Le bateau de pêche servant de podium, présent aussi, tout est là…
Contre toute attente, le palpitant s’accélère au fur et à mesure que je m’approche du bateau. Le sourire aux lèvres, je ressens la même excitation qu’il y a un an.
Je reconnais les visages, Sébastien, Daniel avec lesquels j’ai pu discuter avant le départ. Puis Jean-François détaille le parcours, donne quelques règles et laisse la parole pour le pointage des athlètes.
Après le décompte nous nous lançons direction la mer pour parcourir nos premiers kilomètres.
Une joie intense immergeait tout mon être, j’étais de nouveau la petite fille qui crapahute de roche en roche pour aller de l’avant.
Le premier ravitaillement
Très difficile de dépasser quelqu’un en trail mais sur les rochers c’est pire. À moins que ce dernier nous laisse la place.
La personne devant moi avait un peu de misère avec les rochers, cela n’a pas été long pour que les premiers nous distancent.
Une fois sortie des roches puis des galets, la vieille voie de chemin de fer nous attendait. Je me sentais dans un film en courant sur cette voie ferrée, comme si je voulais m’évader. Suis-je la seule à avoir eu ce sentiment ?
Le balisage est bien indiqué et heureusement, car jamais il ne me serait venu à l’idée de grimper le talus du viaduc.
Un petit bout de la 132 pour rejoindre les sentiers, et le tour est joué nous voilà dans les sentiers et la boue pour un bon bout de temps….
Le premier ravitaillement est déjà là… Wow, c’est cool, 8km de fait, je ne les ai pas vu passer. Difficile de dire combien de temps cela m’a pris, je n’ai jamais regardé ma montre.
2ème ravitaillement
Judith et Line sont devant moi tandis que les 2 Nathalie, Cindy et Christian sont derrière. Je veux les attendre avant de repartir.
Me voyant attendre, les bénévoles au ravitaillement me demandent si je veux autre chose. Je leur explique que j’attends mes amis. Ils sont désolés de ne pas avoir de chaises à m’offrir.
En restant immobile, le froid arrive vite et les moustiques attaquent. Je me bats avec eux quand approchent Nathalie R et Christian. Oufff, je suis contente de les voir… Juste le temps pour eux de prendre quelques affaires…
On reprend la route tous les trois. On traverse la rivière aux émeraudes, quel beau spot, c’est féérique. J’en profite pour prendre une photo, un si bel endroit, on ne peut pas passer à côté.
Puis, je reprends mes sentiers de boue à n’en plus finir. Le 18ème km arrive encore à une vitesse grand V.
C’est génial, ça va bien malgré la difficulté du sol. Je suis admirative de revoir ces paysages défilés comme dans mon souvenir.
J’attends de nouveau mes amis. Nathalie arrive, mais j’en peux plus. Le froid me transit. Christian apparaît au fond, péniblement. Je dois repartir, j’ai trop froid.
3ème ravitaillement
L’avantage quand tu as pris froid en attendant, tu repars reposer et tu as le goût de courir pour te réchauffer.
Je trace ma route seule. Je me félicite d’avoir téléchargé le parcours sur ma montre. Cela me rassure de contrôler et confirmer fréquemment que je suis sur le bon sentier. Vive la technologie et les cartes GPX.
Je croise de temps à autre les coureurs du 100km, car ils font 2 fois la même boucle en sens inverse. Je les encourage et les félicite, je suis tellement heureuse d’être capable de vivre ça.
Je peux saluer mes amis Pascal Langlois, Catherine Bujold, Yves Aubut ainsi que Karine Litalien. Croiser ces athlètes me donne un élan, une fierté, une admiration et surtout le goût de courir encore plus.
Saviez-vous que Pascal, Catherine et Karine ont été mes maîtres de la trail. Ils m’ont donné confiance et assurance pour affronter la peur de me retrouver seule la nuit dans le bois. Ils m’ont aussi fait savoir que j’avais la capacité et le potentiel pour courir en trail.
Du fond du cœur, merci, vous êtes mes références.
J’arrive au 30ème km avec la même énergie qu’au départ. Je suis bien, j’aime ma course. Mes pieds souillés reçoivent une exfoliation à chaque pas tellement j’ai de la boue dans mes chaussures.
4ème ravitaillement
Un sac de rechange avec collations, vêtements et chaussures m’attendait pour faire les ajustements que je souhaitais pour poursuivre.
Heureusement que j’ai vu mon ami Daniel Jacques changer ses chaussettes et chaussures sinon je n’y pensais plus que j’avais ça là…
J’ai donc profité de ce moment de pause à attendre mes amis pour mettre mes pieds au sec. Bien placé au soleil, je n’avais pas froid. De plus un petit muret nous permettait d’être assis, tranquilles, on était bien. Tout était fait pour qu’on ne reparte plus… Non, non pas du tout les organisateurs ne feraient pas ça ?
Assise depuis quelques minutes, arrive Cédric Chavanne qui parcours le 160 km. Wow super, je ne m’attendais pas à le voir.
J’échange un peu avec lui, mais il ne faut pas que je le retarde, c’est le numéro 1 sur cette distance. Il a encore un bon bout de chemin à faire. Oh là là, je ne voudrais pas nuire à son avancement.
J’ai eu la chance de courir 3 étapes l’année passée avec lui et sa merveilleuse femme Julie Berthiaume.
C’est grâce à lui que je serai sur le départ du Big Wolf Backyard le 18 juillet 2021. Ces défis me fascinent. Alors évidemment, je veux m’y frotter, vivre ces sensations fortes pour avoir mes propres expériences, même si on est pas du tout du même niveau, on a la même passion.
Le dépassement de soi est une sensation extra, les papillons, la fierté, tout y est, je souhaite que tout le monde connaisse cet immense nuage de bonheur à l’intérieur et extérieur de nous-mêmes.
J’ai atteint le 38ème km ou se tenait le 4ème ravitaillement, avec tous ces sentiments de fierté grâce aux belles rencontres que j’avais faits.
Toujours aussi bien dans ma course et bien dans mon corps, je n’avais toujours pas l’impression d’avoir couru.
Le 5ème ravitaillement
J’ai cessé d’attendre mes amis qui prenaient de plus en plus de retard au 4ème ravitaillement.
La partie effort en dénivelé approchait après celui de la boue. Je dépassais les premiers coureurs fatigués, mais pas tant que ça, contrairement à ce que j’aurais pensé.
La visibilité réduisait, le brouillard s’installait peu à peu, je n’avais aucune notion du temps. J’avance au petit pas de course ou à la marche si c’est une cote. Je sais que le plus dur est à venir alors je veux garder mon énergie.
Je n’ai jamais ressenti de douleurs dans les mollets, les cuisses ou le dos, épaules ou autres… Je me demande si finalement ma fille n’a pas raison. Suis-je encore humaine ???
La partie difficile approche, je me sens prête à l’affronter pour atteindre le mont St-Anne avec son dénivelé rude voir très rude.
Je fais un ravitaillement très bref au 45ème kilomètre, car je sais qu’il y en a un autre au sommet dans très peu de temps.
J’apprends que ça fait plus de 8h que je cours ! Oh dommage, je réalise que j’ai pris trop de bon temps. Mince, mince, mince je peux encore rentrer dans le cut off mais pfff ai-je le goût de m’inquiéter du chrono maintenant ??? Il est peut-être un peu trop tard…
Ma mère avait une expression qui dit : «c’est pas quand on a fait dans la culotte qu’il faut serrer des fesses» et bien en apprenant l’heure, je me sentais dans cette situation, il est trop tard pour y penser, maintenant il faut assumer.
La surprise de la Gaspésia 100 (2021)
Maintenant que je connaissais l’heure, j’avais comme un peu de mal à rester dans le même rythme, pourtant je me moquais du chrono, alors pourquoi ce sentiment ?
Tout simplement, je n’avais pas le goût de finir à la frontale. Non, je savais que je devais finir par les descentes, alors s’il fait trop noir, je ne pourrais pas courir aussi vite. Les descentes sont mes forces.
Au sommet du Mont-Ste-Anne, je n’ai jamais trouvé le 6ème ravitaillement. Comme il faisait froid avec beaucoup de vent et de brume, j’ai pensé que les bénévoles s’étaient abrités. Je vérifiais plusieurs fois ma montre pour être certaine que le tracé soit le bon.
Je reconnaissais parfaitement les lieux donc je ne comprenais pas… Pourquoi ils ne sont pas là ? Déception, crève-cœur, je n’ai pas réussi à pointer mon dernier point de passage, tout en reprenant le sentier pour redescendre. J’ai pensé appeler Jean-François, pour savoir ou exactement se trouvait ce ravito, mais je ne voulais pas remonter, alors j’ai laissé tomber.
J’étais tellement déçue de constater mon incompétence en matière d’orientation…
Tout portait à croire que j’avais fait une erreur de parcours, j’avais passé 54 km et toujours pas arrivé… Un dénivelé supérieur à ce qui était prévu…
Voir l’arche avant que je sorte ma lampe frontale m’a fait oublier cette déception envers moi-même.
L’accueil par mes amies Line et Judith m’a redonné le sourire et l’énergie que j’avais perdue en ruminant les derniers kilomètres.
Ce fut un soulagement d’apprendre que j’avais su suivre l’itinéraire prévu et que j’avais fait ça en 10h20. Je ne suis pas rentrée dans le cut off, mais j’aurais largement pu. J’ai eu une excellente course, je suis fière de mon accomplissement et je regorge d’espoir pour mes prochaines courses.
Merci à toute l’équipe organisateur, bénévoles, supporters de la Gaspésia 100 (2021) vous faites partie de l’équation dans la réussite de tous ces athlètes, merci d’être là.
Félicitations
Finir les distances que l’on choisit est un pas en avant pour continuer quel que soit le temps. Félicitations à tous les participants de la Gaspésia 100 (2021) que vous ayez complétée ou pas votre distance, vous avez avancé, vous avez essayé, c’est comme cela que l’on progresse avec des essais.
Quant à toi, Cédric Chavanne, le champion du 160 km en 24h, je t’admire, tu es une grande source d’inspiration, tu m’as fait pleurer à ton arrivée… FÉLICITATIONS, c’est formidable de te voir aller
Félicitations à tous ces athlètes qui ont pu rentre dans leur cut off respectif, bravo, bravo, bravo.
On se retrouve l’année prochaine sur la distance du 100km en 3 jours
– 13 km le vendredi
– 54 km le samedi
– 35 km le dimanche
4 Commentaires. Leave new
Merci Béatrice pour ce beau récit! Tu fais le bon choix quand tu cours pour le plaisir et non pour le chrono. Moi aussi j’ai eu 23 heures de plaisir sur les 24 🙂 On se retrouve à la Big Wolf Backyard!
Oui, le Big Wolf… Une autre aventure, je fonce dans l’inconnu, j’ai aucune idée à quoi m’attendre alors aucun projet sur comète.
Je vais à la découverte comme pour la Gaspésia l’année dernière.
Et qui sait, j’aurais peut-être la piqure…
On se voit là bas. Merci pour tes encouragements.
Wow quel beau récit je l’ai revécu dans sa totalité !!! Merci Béat c’était vraiment chouette de te revoir ainsi que tous les autres chanceux de l’édition des 30. Tout comme toi j’ai un défi à relever l’an prochain donc on s’y donne rendez-vous !!
Wow ! Génial ! Tu feras le 100 sur 3 jours toi aussi ?
Soigne bien ton pied pour revenir dans ta meilleure forme.
Au plaisir de recourir avec toi.