Je mets les pieds pour la première fois à Alma le 16 janvier 2020.
C’est grâce au tournoi Midget AA que nous sommes ici avec toute l’équipe des Voltigeurs Drummondville.
Selon les rumeurs c’est un excellent tournoi et il vaut la peine d’être vécu.
Les températures annoncées sont très froides -27 pour Alma et -20 pour Drummondville.
J’apporte donc des vêtements de course d’été pour faire mon entraînement à Alma, à l’hôtel car il y a une salle de sport, piscine et spa.
Découverte de la salle de sport
Nous arrivons à Alma le jeudi, j’ai donc 3 entraînements à faire. Cela n’est pas un problème pour moi, je vais les faire entre deux matchs de l’équipe.
À peine installé, je vais immédiatement voir la salle de sport, afin de faire mes 45 minutes du jour.
J’ai juste le temps nécessaire pour courir, me doucher et manger avant le match de ce soir, donc pas une minute à perdre.
À la vue de la salle de sport, je reste perplexe car pour un grand hôtel, je m’attendais à une salle beaucoup plus grande…
La salle est de la taille d’un petit bureau, un débarra, sans fenêtre.
Les appareils sont très limités, un tapis, un elliptique en panne, un vélo et quelques altères. On ne peut pas s’entraîner à 2 ou alors on ne fait pas les mêmes exercices.
Je vérifie s’il y a un éconofitness à proximité, mais non, malheureusement c’est impossible, donc on oublie.
45 minutes sur le tapis
Je teste donc le tapis, pour un 45 minutes de R1.
Pfff, à peine ai-je fait 5 minutes, je vois que je vais avoir de la difficulté à tenir mon 45 minutes en R1, la salle est surchauffée, aucune ventilation. C’est très désagréable de courir comme ça.
Je fais ma première pause au bout de 17 minutes et je reprends moins fort car je prends mal à la tête… Je veux faire une durée, on va oublier la distance.
Même l’hiver, j’arrive à me retrouver dans des situations ou la température est trop intense.
Je poursuis en modérant, mais j’en conclus que je ne ferai pas ma longue dans ces conditions.
Trouver le bon équipement
Courir dans le froid ne me dérange pas, si j’ai les bons vêtements et pas trop longtemps.
Je sais qu’après 60 minutes, je suis très contente de rentrer au chaud, prendre une bonne douche.
Le froid sur un corps humide ne fait pas bon ménage.
Là, je dois faire 80 minutes, il fait -27 et je n’ai rien prévu pour courir dehors. Comment faire?
Je pense à Patrick Charlebois qui a fait son marathon en Antartic et je me dis que je fais juste 80 minutes, ce n’est pas 3 heures quand même!
Je fouille dans ma valise et je commence à sélectionner quelques vêtements qui ne sont pas de course mais qui devrait convenir pour courir.
La seule chose qu’il me faut absolument c’est plusieurs couches pour ne pas avoir froid.
Je réussis à trouver 4 épaisseurs pour le haut, 2 épaisseurs pour les jambes et pour la tête, j’emprunte une tuque à Christian et je double 2 paires de gants pour les mains.
Faire le parcours dans une ville inconnue
Habituellement, quand je prépare le parcours, je m’arrange pour ne pas avoir trop d’arrêts ou de lumières, je veille à rester sur les pistes cyclables.
Ici, à Alma, je ne connais rien…
La veille de ma longue, je prévois une boucle de 12 km dans un quartier proche de l’hôtel.
Je note toutes les directions sur un papier pour ne pas me perdre, car j’ai aucun sens de l’orientation.
Vendredi matin, je me lève à 8 heures, bien décidé à faire mon entraînement dehors malgré les -27 degrés.
Je ne connais pas la température ressentie avec le facteur vent, mais je vais y arriver car je l’ai décidé… Ah! Ah! Ah! Si ma mère était là…
Je décide de modifier mon parcours quand au bout de 400 mètres, je vois et je sens que ça va être dur, très, très dur…
Finalement, je ne suivrais pas l’itinéraire que j’ai pris le temps de faire la veille, car j’ai peur…
Oui, j’ai peur, je cours seule dans une ville inconnue, à moins 10 000 degrés…
6 boucles
Je dessine une nouvelle boucle de 2km que je vais répéter 6 fois, tel un bagnard, en passant à chaque fois devant l’hôtel, au cas où le froid aurait raison de moi.
La première, 2ème et 3ème boucle vont bien, c’est difficile, c’est vrai mais j’ai connu pire.
Dans cette boucle, j’ai une côte détestable que je vais devoir faire 6 fois, beurkkk,
Mais bon, un marathon, ce n’est pas facile… Alors certains entraînements doivent être plus difficiles.
Pour ma 4ème boucle, la côte me semble avoir doublé de distance et de difficulté, je marche un petit 10 secondes et repart car le froid saisi, je suis humide sur le corps, je ne veux pas prendre froid.
J’ai soif, mais je n’ai pas mes gourdes, je me dis qu’au pire quand je repasserai devant l’hôtel je m’arrêterai boire.
Le premier kilomètre de cette boucle est en côte puis le 2ème est très glissant sur du plat avec un bon vent de face. Un soleil froid mais magnifique reflète sur la neige et donne le contraste au ciel bleu éclatant, très dégagé.
La force du mental
Quand je finis ma 4ème boucle, je n’ose pas aller faire une pause pour boire à l’hôtel, j’ai peur de ne pas retrouver la force de repartir dans le froid en étant humide comme je suis.
Je ne m’arrête pas et entame ma 5ème boucle, mais là, la côte est impitoyable, je ne suis plus capable, je suis encore obligée de faire une pause cette fois un peu plus longue, je prends froid aux cuisses. Je repars au bout de 30 secondes mais j’ai trop de givre sur le derrière des cuisses ainsi que sur le front, les joues, le menton et le haut du coup. Je réchauffe les zones trop froides avec mes mains qui servent de dégivrage car elles sont très chaudes.
Sur la 2ème partie de la boucle, je suis obligée de m’arrêter plusieurs fois pour dégivrer. Je me dis que là c’est bon il faut que j’arrête, cela fait 67 minutes que je suis dehors, c’est trop avec ce froid pour courir.
Mais en arrivant devant l’hôtel, je revérifie et je me dis : « non, il me reste plus qu’un tour… Je vais chercher au fond de mon cœur, les meilleures sensations de la course. » Et là, comme un claquement de doigts, je repars comme si de rien était, impossible de m’arrêter.
Je repars pour la dernière que je devais faire, j’ai du refaire 2 pauses dans la côte pour dégivrer et 4 sur la 2ème partie de la boucle.
Rentrer à l’hôtel
Quand j’ai fini ma dernière boucle, j’avais mon 80 minutes, de toute façon même si je ne l’avais pas eu, je rentrais car mes vêtements improvisés pour la course gelaient et ce n’était plus supportable. La fermeture de ma veste était toute gelée aussi.
La première personne que j’ai croisée dans l’hôtel à mon arrivée était la même que quand je suis partie, Lyne Lacharité, une maman de l’équipe.
Elle m’a regardé surprise, avec une incompréhension dans le regard. Son mari Serge Forcier arrive et m’apprend que la température est peut-être de -27 mais le ressenti est de -40.
À mon tour d’être surprise, bouche bée, je me suis sentie vidée subitement comme si je venais de recevoir un coup de fusil…
Heureusement, je ne le savais pas avant sinon je ne suis pas certaine d’être sortie avec ces vêtements inappropriés pour courir à une telle température.
Conclusion
Cette sortie a été 100 fois plus payante que celle de la veille.
J’ai vraiment travaillé mon mental pour contrôler la difficulté avec la météo tout en restant alerte pour ne pas nuire à mon corps et tomber en hypothermie.
Cela m’a fait prendre conscience aussi qu’il faut se méfie des informations fournies par les hôtels.
Oui, il y avait une salle de sport mais elle n’est pas exploitable comme ça.
La prochaine fois, je prendrai soin de mettre les vêtements correspondants à la météo plutôt que de voir tout de suite un plan B pour me faciliter la tâche.
Je suis très fière de ma sortie, mais peut-être trop difficile pour la première longue du programme.
Pour ne pas nuire à la semaine 2, je n’ai pas fait le 20 minutes d’intervalles du samedi car je sais que j’ai trop forcé pour ma première longue.
Mon but étant de faire de l’endurance, j’ai pensé plus judicieux de ne pas retourner dans de mauvaises conditions sur le tapis pour faire des intervalles.
Je n’avais plus du tout de vêtements pour courir dehors, même improvisés.
Alors, j’ai préféré faire 4 fois 15 minutes de marche rapide pour aller à l’aréna.
Voltigeurs Midget AA 2019-2020
Merci les jeunes de nous avoir fait vivre ce très beau tournoi. Vous avez été à la hauteur et vous nous avez fait vivre de grands moments.
Merci aux coach, organisateurs et parents, la réussite vient de tous les acteurs de cette fin de semaine.