Défie le sentier 12 heures de nuit

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Défie le sentier 12 heures de nuit est à sa 2ème édition. Cela se passe au Sanctuaire de St-Majorique, dans la forêt en bordure de la rivière St-François. Un coin de Drummondville à découvrir si vous ne connaissez pas.

Ce défi vient compléter le choix de course proposé par Défie le sentier Soucy.

Lors de la 1ère édition, je n’avais pas pu être présente, car j’étais déjà inscrite à une autre course à Toronto. Je m’étais donc promis de réserver ma place pour la seconde édition qui s’est déroulée du vendredi 15 octobre 21h au samedi 16 octobre 2021 à 9h.

Il est important pour moi de soutenir, participer ou/et encourager les évènements de course dans ma ville d’adoption.

Cela fait partie de mes saines habitudes de vie et rejoint mes valeurs pour la santé, le bien-être auxquelles je suis attachée. Plus la population sera en forme, plus il y aura de gens heureux autour de nous selon moi.

Préparation

Ma saison de course ayant été clôturée sur le marathon de Percé le week-end dernier, je n’attends rien de ce défi. Je viens juste chercher des réponses pour savoir comment préparer ma prochaine saison.

Je suis ici pour me tester sur cette épreuve que je trouve intéressante. Savoir comment mon corps peut réagir après une semaine surchargée, une journée de travail bien rempli débutée depuis 5h le matin.

Comment vais-je être capable de combattre mes démons dans la nuit ?

J’ai l’ambition de courir 125 km en 2022. Alors, comment dois-je me préparer pour le parcours de nuit ?

Qu’est-ce qui m’attend, comment ne pas sombrer dans les ténèbres de la nuit ? J’ai tant de choses à apprendre pour courir la nuit, cette course sur terrain plat est parfaite pour ça.

En juin, pendant ma participation au Big Backyard à Rivièrve du Loup, auprès de grands athlètes de la région, j’ai beaucoup appris à me gérer pour tenir sur les longues.

Stéphanie Simpson, notre championne canadienne a été ma référence. C’est elle qui m’a conseillé avant que je me présente sur cette course.

Elle était là aussi pendant la course, avec:

Isabelle Bernier, Kim Gaudet, Karine Litalien, Tania Rancourt, Hélène Dumais, Olivier Le Méner, Cédric Chavane, Éric Déhaies champion canadien et bien d’autres…

Une expérience

Défie le sentier 12 heures de nuit est une boucle de 8 km que l’on fait le plus souvent possible pendant la durée de l’épreuve. Cela ne veut pas dire que l’on doit courir toute la nuit. Libre à toi si tu veux dormir… Seulement, tu prends le risque de perdre des tours sur les autres coureurs.

Forte de mon expérience du backyard, j’ai suivi les conseils que j’ai reçus. J’ai privilégié l’hydratation, l’alimentation et le sommeil, les 3 clés essentiels pour tenir le plus longtemps possible.

Je me suis donc présentée avec mon conjoint Christian Vallée, chargé de mon stock démesuré, avec un choix de bouffe et de boissons liquide à gogo, sans oublier les chaises longues pour dormir au besoin.

J’ai vu le regard des coureurs envieux de mon idée de charrette pour traîner tout ce stock ainsi que deux chaises longues. Ce qu’ils ne savaient pas encore à ce moment, c’est que j’allais me servir de ma chaise longue pour dormir en vrai.

Notre setup

C’est parti

Ma fidèle supportrice Kassandra, ma fille

Je n’ai pas fait de préparation mentale pour passer la nuit. Avec ma chaise longue, je suis en affaires, ça me suffit. Je sais qu’en étant allongée, je peux dormir 5 minutes et récupérer facilement.

Nous sommes 19 coureurs sur la ligne du départ, dont 4 femmes. Je ne connais pas ces 3 femmes, mais on est là pour s’amuser et c’est vraiment ce que je ressens en leur parlant.

Le départ est lancé. La première boucle se passe très bien. La température est super bonne pour un mois d’octobre, peut-être un peu trop chaude encore à 21h, mais on devrait perdre quelques degrés donc pas de stress.
J’ai prévu de mettre une heure pour faire chaque boucle, je finis la première en 57 minutes, c’est correct.

J’attends Christian pour qu’on reparte ensemble. Je repars avec lui, mais je le distance de nouveau. Il est important que chacun aille à son rythme pour durer le plus longtemps possible. Je continue et l’attendrais avant de repartir sur la 3ème boucle.

Ma 3ème boucle

Christian arrive 10 minutes après moi, je prends le temps d’échanger un peu avec lui puis je repars, car je trouve ma pause longue pour un début de course.

Pendant ma 3ème boucle, je perds déjà de l’intensité sur ma lampe frontale, m…., ça fait ch…, j’ai mis des batteries neuves avant de partir.

Il me reste 4 km sur cette boucle, mais ça va être difficile, car je trébuche dès que j’essaie de courir. Je ne vois pas du tout les racines sous la faible lueur.

Attention panique à bord

Pour me dé-paniquer, je me mets du Franck Nicolas dans les oreilles. Un balado de motivation, persévérance et confiance illimitée. Le genre de truc, tu ne peux pas arrêter même si c’est difficile.

Je finis ma boucle en une heure malgré tout, je suis surprise, mais contente de voir que j’ai su trouver une bonne solution pour finir dans les temps et sans me blesser.

1er Repos

Avant de repartir pour la 4ème boucle, je veux changer mes batteries, malheureusement, c’est Christian qui les a. J’avais prévu une 2ème lampe frontale, mais je lui ai passé, car la sienne ne fonctionnait pas.

Julien Paradis qui est bénévole pour ce défi me prête la sienne, car Christian est loin de son retour, ça fait seulement 30 minutes qu’il est reparti.

Je repars avec cet emprunt, ce qui me frustre un peu, car j’avais tout prévu pour moi, et donné mes recommandations à Christian pour qu’il ait tout en sa possession. Malgré tout, il n’a pas été assez prévoyant pour lui-même.

Chacun doit apprendre de son expérience

Il a sans doute sous-estimé mes recommandations, je pense qu’il faut vivre la situation pour être conscient de la réalité. Chacun doit faire son apprentissage, sa propre expérience.

Au retour de cette 4ème boucle qui m’a pris beaucoup d’énergie mentalement pour me détacher de la situation frustrante que je venais de passer, je décide de dormir 30 minutes. J’ai du temps, il est 1h30, j’ai déjà fait 4 boucles. Mon état physique est parfait. Je demande à Julien pour qu’il me réveille à 2h.

C’est reparti pour 4 tours

Mon horloge interne est merveilleuse, à 1h58, je me réveille, fraîche et reposé prête pour repartir comme si j’avais passé une nuit de sommeil.

Je croise d’autres coureurs qui commencent à être maganés… Oh, la nuit commence à laisser des traces sur certains. Je ne connais pas leur histoire, une course c’est personnel, propice à soi même en fonction du moment et des situations que l’on vit.

Je remets mon Balado Franck Nicolas dans les oreilles et advienne que pourra. Je veux faire 6 ou 8 boucles, j’ai largement le temps, car il est 2h du matin et la course finit à 9h.

Ça va super bien j’ai toujours la même foulée et la même énergie qu’au premier tour. Pour le moment, j’ai fait toutes mes boucles autour de 60 minutes, comme je voulais. Mon corps me donne aucun signe de douleur, c’est génial.

Il fait un noir profond, à deux reprises le changement de musique me fait lancer des hurlements de terreur, cela ne dure qu’un instant, mais me ravigote au plus haut point. Croyez-moi, je n’ai pas le goût de dormir.

Il me reste 3km à ma 6ème boucle quand la pluie se met à tomber. Fine et légère au départ puis pour les derniers mètres, il pleut averse. En arrivant au ravito, Christian est là, près à repartir, pfff, je ne voulais pas faire de pause, mais ça ne me tente pas de faire une boucle sous la grosse pluie alors que ça devrait arrêter vers 5h…

2ème pause

Eh, c’est hot, il est 4h30 j’ai fait les 6 boucles que je voulais faire, il me reste du temps en masse pour en faire 2 de plus minimums et je devrais même avoir encore du temps pour une autre.
Toutes les femmes sont au ravito, Anne-Pier Raymond veut faire une pause, ben moi je vais faire pareil, car je sais que la pluie n’est que passagère. Je demande à Frédéric Ouellet de me réveiller à 5h pour faire une 2ème pause de 30 minutes.

J’en avais pas spécialement besoin, mais  je trouve plus judicieux de dormir à l’abri plutôt que d’aller m’affaiblir sous la grosse pluie.

À peine allongée sur ma chaise, je dors et me réveille, 2 minutes avant l’heure fixée.

Après ma sieste, il ne pleut plus

Il ne pleut presque plus, je suis prête à repartir pour ma 7ème boucle. Tous les coureurs mettent leur coupe-vent, je fais pareil, car j’ai peur de mal mesurer la température vue que je sors « du lit ». 500 mètres plus loin, je dois le reposer, il fait beaucoup trop chaud avec ça.

Les coureurs des 4 heures de nuit ont pris leur départ, cela fait du sang neuf. Je peux faire un brin de jasette en dépassant 3 marcheurs parmi les coureurs. Ils sont là par solidarité pour les coureurs des 12 heures. Oh j’ai trouvé ça touchant, une belle attention à notre égard.

Un gros merci à ces 3 marcheurs, car oui ça fait chaud au cœur.

Arrêt prématuré

Je suis à 2 km de la fin de ma 7ème boucle quand un coureur sans lumière est arrêté sur le côté du sentier. J’ai hurlé toutes mes entrailles tellement j’ai eu peur.

Le coureur embêté c’est confondu d’excuses, il avait mal aux muscles et essayait de se masser les points douloureux pour revenir au camp. J’ai tellement eu peur…

Ensuite, c’est au tour d’une biche et ses 2 bébés qui me font faire le saut, je les aperçois dans la lueur de ma lumière s’éloigner, pfff mon cœur bat la chamade, mais ça réveille, et me sort de mon écoute audio.

Je finis ma boucle, après une courte pause pour manger, je repars pour la 8ème. Je veux voir le jour se lever, il est entre 6h30 et 7h.

Je découvre le parcours avec ses défauts, je vois enfin ce qui m’a fait trébucher toute la nuit. Je n’ai plus mes repères de la nuit, ça me fait drôle, j’ai l’impression de vivre une nouvelle course.

Encourager une amie

Ma 8ème boucle se termine à 7h50, j’ai 70 minutes pour faire la 9ème, ce qui est largement assez, car j’ai toujours le même rythme qu’à la première. Je pourrais repartir, ça va super bien. Malgré tout, je décide d’arrêter, car cela ne changera rien pour mon classement.

J’ai atteint mon objectif maximal désiré.
Mais surtout, demain, je veux accompagner mon amie Diane Dumas qui fait un marathon personnel « Hommage à son père ».

Je lui ai promis d’être à ses côtés pour la soutenir et partager ce moment à vélo avec elle.

Résultat inattendu

J’ai profité de ces 70 minutes pour discuter avec les coureurs et bénévoles de la place. À aucun moment, j’ai réalisé ce que je venais d’accomplir et avec la facilité que je l’avais fait.

J’ai fini avec une capacité d’en faire plus. J’ai réalisé 110 à la Big, alors, je pense que j’aurai pu atteindre 80km. Ce sera mon objectif pour la prochaine fois, probablement en 2023. Car en 2022 je devrais me trouver à l’île de la Réunion pour affronter le Muscaraigne à cette même période de l’année.

Quel plaisir de partager et échanger avec un coureur exceptionnel comme Pierre-Luc Fortin. Il revient du Tor de Géant en Italie, il n’avait pas encore récupéré de cette grande épopée. Il était présent aussi à la Big, mais je n’avais pas eu l’occasion ce jour-là d’échanger avec lui. Le monde de la trail est vraiment chouette, c’est un monde à part ou il y reigne la sagesse de la course.

Pierre-Luc Fortin de retour d'Italie du Tor des Géants
2ème place chez les femmes avec 64km

Ce test m’a apporté la confirmation que j’avais le potentiel pour atteindre mon objectif de 2022. Maintenant repos avant de reprendre l’entraînement à la mi-novembre.

Bon repos à tous et on se retrouve bientôt dans d’autres aventures.

Croyez en vous, foncez, vibrez au rythme de vos défis, de vos rêves…

Je vous ai déjà dit, mais je vous le répète, j’adore ma vie !

Pro Forma 2021
Marathon Percé 2021

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